06/06/2009

Dernier chantier

Cette semaine, je suis retournée à CommonGround. Depuis le retour de New York et mon déménagement dans la maison, j'ai mené une vie un peu plus "solitaire" à travailler sur mon projet. Je retrouvais à l'occasion un copain français (reparti en France) et son pote américain qui parle français (déménagé à Chicago). A présent, ils sont partis, comme Florence, une autre connaissance française, et Nicole, une hollandaise ... alors, retourner travailler à CommonGround est bien agréable vu qu'il y a toujours du monde, des gens sympas en général, certains que je connais bien, et des nouveaux venus.

Avec Jason, le pro du bâtiment, et 3 autres volontaires, on est allé sur le chantier abandonné d'une maison en kit. L'histoire de cette maison est malheureusement banale dans le Lower Ninth Ward. Une vieille dame a payé une entreprise pour reconstruire sa maison. L'équipe composée de personnes pas forcément compétentes a commencé le montage de la maison en kit. Les panneaux sandwich n'ont pas été fixés de façon appropriée, une fois tous les murs montés au premier coup de vent ils se sont écroulés au sol. L'entrepreneur a déserté.

La propriétaire, à court d'argent, en dernière extrémité fait appel à une association comme CG. On a récupéré les plans, et les indications de montage. C'est là que je m'aperçois que j'ai acquis certaines compéténces! quand quelqu'un me demande "où tu as appris à lire des plans?" je réalise que ce n'est pas quelque chose que tout le monde maîtrise... ça aide sur un chantier! et notamment celui-ci qui ressemble à un jeu de construction, dont on a éparpillé les pièces et pour lequel il faut retrouver le mode d'emploi.




En déplaçant les panneaux tombés à terre, on a dérangé des miliers de petits animaux... La nature reprend le dessus, avec l'humidité, les pluies d'orage, et le soleil, c'est luxuriant. Le chantier abandonné était occupé entre autre par un nid de guêpes, une fourmilière, des énormes phasmes, des lézards, une salamandre, une grenouille, des araignés et notamment une veuve noire! Les panneaux ont salement pris l'humidité, ça fait vraiment mal au coeur...



Comme on est presque sous les tropiques, le soleil est à la verticale et les ombres réduites au minimum. Il y avait même un arc en ciel autour du soleil! je ne savais pas que ça pouvait arriver! Ne vous inquiétez pas pour ma peau déliquate, mon écran total indice 50, est vraiment efficace... j'ai quand même réussi à oublier l'arrière des genoux. Mais, bon, après une journée, ça ne brûle plus. A part ce coup de soleil, jusqu'ici, je me suis bien protégée, et d'une certaine manière je peux même dire que je suis "bronzée"... enfin, pour moi ...




Nous avons monté les panneaux "à taille humaine", Jason a quand même fait quelques acrobaties à la limite de la sécurité. Maintenant, il faut un échafaudage et une petite grue. Tom Pepper (le gérant de CommonGround) négocie avec le Make It Right project de Brad Pitt pour se faire prêter l'engin. Sinon, cette maison risque de restée comme beaucoup d'autres dans le quartier : inachevée, laissée en plan ...

Quand on voit le peu de maison reconstruite après 4 ans, toutes celles abandandonnées, et tous les lots vacants ... c'est un paysage complètement désolé. On s'y habitue, mais dans 10 ans? est-ce que ce sera toujours pareil?



02/06/2009

Ce que peut apprendre la lecture du Times Picayune

J'ai trouvé une pile de journaux dans ma nouvelle maison : des éditions du Times Picayune. L'équivalent de notre Ouest France ou République du Centre, avec ces pages d'annonce des décès. C'est aussi une mine d'informations sur la reconstruction que j'avais négligée jusque là.

Lundi s'est ouverte la nouvelle saison des ouragans dans le golf du Mexique, et pour l'occasion ils ont publié un complément spécial "évacuation de la ville". "Avez vous un plan d'évacuation de prévu?" Il faut que chacun sache où il peut aller, dans sa famille chez des amis, pour être accueilli. Un ouragan peut aussi vouloir dire que sa maison peut être détruite. Ils déploraient pour l'évacuation de Gustave de l'année dernière que pour chaque bus affrétés il n'y avait pas de listes de personnes établies, ni de destinations toujours claires pour un refuge...

Dans le journal, les faits divers sont un peu plus violents que dans l'ouest de la France. Aujourd'hui, ils ont publiés un rapport sur la criminalité dans la ville. Je ne veux pas focaliser dessus, mais c'est un sujet non négligeable ici. Le taux d'homicide est de 63 tués pour 100 000 personnes en 2007. En France, il est de 2,7, en Colombie de 60,8 (source Wikipédia). La Colombie étant le pays numéro 1, et les Etats-Unis le 17ème je crois, et la Nouvelle-Orléans la ville Number One dans ce malheureux domaine. Je discutais hier avec Miss Fletcher, elle me disait qu'elle ne sortait pas suivre le carnaval, ou les Second Line, qu'ici les gens adoraient ça, mais qu'elle n'aimait pas. Elle n'aime pas la foule, et associe les regroupements à la possibilité de la violence... et ici, ça veut aussi souvent dire des tirs d'armes à feu. Elle disait aussi que bien souvent les personnes tuées ne sont pas les personnes visées, elles se trouvaient juste à côté. A la lecture des journaux, j'ai commencé à faire des croix sur une carte pour voir où s'étaient passés les "shooting". Bon j'en ai noté 3 et après j'ai arrêté, deux se trouvaient au nord de St Claude. C'est près de chez moi. Mais, il y a une limite impressionnante entre ByWater et le SeventhWard : la rue Saint Claude trace la limite de la gentrification, la limite entre un quartier noir et un quartier blanc. C'est parfaitement délimité, et c'est vraiment frappant.

Je me suis également délecter de la rubrique des courriers du coeur pour oublier toute cette violence. "Ask Amy" avec la photo d'Amy, une femme un peu sèche, 50 ans, énergique, cheveux au carré bien dessiné. Elle a la réponse à toutes les questions : "je n'ose pas avoué à mes amis épiscopaliens hardcore que je suis athée, que dois-je faire?"ou bien "Puis-je arrêter d'offrir des cadeaux à mes petits enfants qui ne me remercient jamais?" Je ne sais pas si je peux tirer beaucoup de conclusion sur la culture américaine à la lecture de ces articles, parce que je n'en ai pas assez lu en France pour pouvoir comparer. Mais je ne crois pas qu'en France personne n'ait de crainte d'avouer son athéisme à ses amis... enfin, ça dépend peut-être, ça passe peut-être pas partout.

c'est grand comment la nouvelle orleans?

OU petites comparaison de photos aériennes amenant à différentes idées...

Pour me rendre à l'école d'architecture dans le Garden District, ou Uptown visiter quelques amis, je fais régulièrement une heure entière de vélo depuis mon quartier de Bywater. Les transports en commun ici sont tellement peu fiable qu'on évite de prendre le bus. La dernière fois, pour me rendre à une fête de quartier c'est facilement trois quart d'heure qu'il a fallu attendre la machine. Pour nous donner du courage, on regardait le gars à l'arrêt de bus d'en face, qui ne montrait aucun signe d'impatience. La situation étant tout à fait normale pour les autochtones, nous avons stoïquement attendu...
Faire une heure de vélo pour aller quelque part je ne le fais quasiment jamais à Nantes, cette disance correspondrait à quoi dans cette ville? Nicolas un copain français m'a dit qu'il avait fait des superpositions entre Paris et la Nouvelle-Orléans avec Google map, je reprends éhontément son idée pour faire mes propres comparaisons.


A deux kilometres de hauteur : voici Nantes et la Nouvelle-Orléans. En rouge, sur Nantes c'était mon petit parcours de vélo quotidien pour aller au travail qui me prenait 15min et qui devait être de 4kilomètres. Et sur la carte de la Nouvelle-Orléans on voit le considérable effort que je dois entreprendre pour me rendre à l'école d'architecture ... surtout que leurs routes sont bien défoncées aussi... enfin c'est bon pour le coeur. La question est pourquoi je ne vais pas tout droit? pourquoi je suis la boucle? j'ai un peu honte de l'avouer : je ne passe pas plus au nord en ligne droite parce qu'on m'a dit que ça craignait ... je l'ai fait le trajet avec d'autres gens, je ne sais pas si ça craint ou non en vérité.


Ca doit être à 500m, zoom sur les centres historiques de deux villes. Je n'avais pas encore remarquer la différence de largeur entre le Mississippi et la Loire... c'est frappant sur la photo.


Toujours Nantes - Nouvelle-Orléans, cette fois-ci Place Royale et Jackson Square, dans le quadrillage du French Quarter c'est le seul "vide" laissé... la seule place identifiable, qui est un parc qui ferme le soir... Est-ce qu'on peut en tirer des conclusions sur l'usage de l'espace public dans les villes américaines? En sachant que la Nouvelle-Orléans est une des villes où la vie dans la rue est très vivace, il y a finalement pas tant d'espaces disponibles...

A 50 mètres de hauteur, le quartier sud gare de Rennes et ses petites maisons de villes... comparé au quartier de ByWater où je vis à présent. Ma petite maison a un toit bleu et se trouve au sud du premier bloc entier sur la photo à gauche. C'est vraiment la même distance! toutes les maisons qui sont à peu près de la même époque entre 1900 et 1950 je crois, sont quand même beaucoup plus grandes aux Etats-Unis...

Enfin, le quartier de Lakeview au nord près du lac comparer aux Grands Billons, là où j'ai grandi dans le Loiret. On a toujours trouver que certains propriétaires aux Grands Billons voulaient impressionner leur voisin en construisant des garages immenses et des ailes avec des tourelles de châteaux... Bon, je crois que le niveau de vie, entre Lake View et les Grands Billons n'est pas comparable, mais tout de même, encore une fois toutes ces maisons ont des piscines quasiment et sont vraiment énormes... c'est avec ce genre de petites superpositions qu'on comprends que le train de vie américain n'a rien a voir... on ou dit souvent que si toute la planète vivait comme les américains en 6 mois tout le pétrole est grillé (ou quelque chose comme ça), où les comparaisons du poids des poubelles par habitants de chaque pays... maintenant, c'est plus parlant.
Un simple exemple pour illustrer : nous avions envisagé une fois d'aller faire du camping avec Ride (un ami américain) et Pierre Yves (un ami français qui vit à Bâton-Rouge). Ride a commencé à sortir un attirail de campeur incroyable avec siège pliant, barbecue électrique, matelas gonflables... un groupe électrogène était presque indispensable. Il n'a pas pu venir, et nous n'avons emporté que la tente et nos duvets...