21/02/2009

Fatigue

C'est ma troisième semaine dans l'asso. Il y a des plus et des moins. L'organisation est vraiment mauvaise, je crois qu'ils ont trouvé plus de boulot pour la semaine prochaine. Je rencontre des gens sympa. J'ai eu cette semaine de bonnes opportunités de rencontres qui m'aident bien pour mon travail. J'ai suivi une équipe de canadiens, venus tourner un reportage sur CommonGround et sur Katrina. J'ai pu interviewer et prendre contact avec Craig Colten, un géographe dont je lis le livre! et nous avons fait un tour avec un technicien de la gestion des levées de la Nouvelle-Orléans qui nous a balladé dans pleins d'endroit clés de la protection de la ville contre les crues.
Tout ça est bien positif. Seulement, voilà, je ne suis jamais seule un instant, et je dois toujours parler anglais : et bien, ça épuise! Surtout quand on profite de chaque sorties le soir! Hier, et encore ce matin, je suis arrivée à un point de non communication assez impressionnant. Beaucoup de problème pour m'exprimer avec une seule personne, et aucun moyen de m'exprimer devant un groupe! Les mots ne viennent plus, la compréhension est vraiment mauvaise, je ne suis pas grand chose des conversations, je suis complètement déconnectée!!
Le meilleur remède à tout ça est le sommeil. Je me réfugie dans ma chambre! Je suis récemment montée en grade en terme d'intimité. Il y a ici tout un processus qui permet grâce à l'ancienneté d'accéder à l'unique chambre individuelle! Mais cela prend du temps. Quand on arrive, on occupe d'abord la chambre de 6 lits, qui peut s'assimiler à un placard à outils. J'ai pu quitté les lieux grâce à Megan et Preston qui m'ont invités à rejoindre leur chambre de 4, pour ne pas laisser la place à un nouveau volontaire inconnu qui voulait s'y installer. Tout ceci est hautement stratégique!
Bon, le week end est venu, je pense qu'une grande balade solitaire à vélo me fera le plus grand bien...

Venise au bout de la route

Si on suit la rive droite du Mississippi jusqu'à son embouchure : Venise est là où la route s'arrête. Intrigués par cette destination touristique, Pierre-Yves et moi, avons embarqué deux américains, Cole et Megan, dans notre aventure jusqu'aux confins de la Louisiane. La route que nous avons empruntée est aussi appelée "Cancer Valley" par les locaux, cela étant dû à la grande concentration de complexes pétrochimiques ponctuant la route. C'est vrai que le début de voyage n'avait rien de réjouissant. Peu à peu, il y eut moins d'habitations et la route s'est retrouvée encadrée par deux levées, l'une protégeant du Mississippi, l'autre des marais... Sur cette étroite bande de terre particulièrement exposée aux ouragans, les quelques habitations semblaient vraiment mal en point. Pour se protéger les maisons se perchent sur d'hypothétiques pilotis, d'autres habitants préfèrent habiter dans des caravanes, sûrement pour pouvoir s'échapper plus facilement. Les bâtiments publics se démarquent car ils sont tous surélevés par de méga structures de béton, servent-ils de refuges aux habitants, je l'espère pour eux. Une route passait de l'autre côté de la levée, nous l'avons empruntée pour aller voir ce que celle-ci cachait.

C'est un port de pêche qui nous est apparu, de la même manière, la plupart des bateaux assez mal en point. Nous discutons avec deux jeunes pêcheurs d'huîtres, qui nous expliquent tout le processus de pêche : la compétition entre les bateaux, la drague des huîtres, le nettoyage des moules et autres coquillages qui s'agglomèrent autour des huîtres. Ils semblaient étonnés et fiers d'avoir la visite de français intéressés par leur travail!



En continuant notre route vers Venise, nous avons emprunté le bac sur le Mississippi, le fleuve était énorme,calme et gris. Nous avons trouvé un restaurant dans une autre marina, tout aussi paumée. Nous rencontrons d'autres pêcheurs d'huîtres, assez attaqués. L'un d'eux, le plus loquace, racontait qu'il avait été missionnaire en Amérique du sud, et qu'il se faisait appelé Jésus. Ils ont réussi à vendre 50 kilos d'huîtres pour 25 dollars à nos copains américains. J'en ai goûté une, elle était énorme, pas salée, pas vraiment le goût de vase, mais presque. J'étais surprise, j'ai failli en vomir! Le programme pour ces huîtres c'est d'être mangées au barbecue! A voir.

Toujours plus loin, la route devient un simple cordon de terre, largement inondable, entre deux étendue d'eau, ponctuées d'arbres plutôt morts. Beaucoup d'oiseaux, dont des vautours noirs ayant, à l'arrêt, de faux airs de dindes d'où leur nom "Turkey Vulture"! Toujours, au loin le profil des cheminées d'un complexe pétrochimique, et des inévitables détritus sur les bas-côtés. Nous avons fini par faire demi-tour devant une grande flaque dont nous n'avons pas pu évaluer la profondeur. Je crois que nous avons atteint Venise, mais je n'en suis pas sûre.

Carnaval

Le Carnaval de la Nouvelle-Orléans met en marche des parades, une trentaine sur le mois. Chacune d'elle est organisée par une Krew, un groupe. La première à laquelle j'ai assisté, le Krew du Vieux, est selon Angel Krawford la préférée des New Orléanais. Angel est une amie de Marie ma cousine, son mari s'appelle John et ils ont deux enfants de 3 et 5 ans. Ils habitent Burgundy St, près du quartier français. Ils m'ont invité pour aller voir passer la parade du Krew du Vieux. Avant, c'était rendez vous avec les amis pour l'apéro, les mômes étaient super énervés à l'idée de voir passer la parade! J'ai été bien surprise par l'aspect très "fait maison" des chars et le mélange "sexe et politique" de mauvais goût mais assez réjouissant! Cette année, le thème de la crise était pas mal fréquent, il y avait des traders défroqués, mais aussi une équipée déguisée en spermatozoïdes, des groupes plus ou moins SM qui en faisaient des tonnes, des satires, des chars sur l'Irak... C'est varié, c'est drôle et mal fait! avec des groupes de jazz entre chaque char. Tout ça n'est pas vraiment fait pour les enfants, et la petite était tellement effrayée qu'Angel a dû rapatrier ses enfants avant la fin.



Les deux autres parades que j'ai vu étaient d'un autre ton, beaucoup plus consensuelles! Beaucoup plus longues, beaucoup plus de moyen, beaucoup plus de plumes et de colliers distribués par paquet, des reines de beauté sur des chars ressemblant à de gros gâteaux trop sucrés, avec plein de guimauves. Les chars sont tractés par des tracteurs et non des mulets. Le public est très familial. Il ressemble à un public du tour de France un peu éparse, ayant installé leur fauteuil en début d'après-midi pour être au premier rang, et quelques échelles pour être à bonne hauteur et récolter le maximum de collier.


Ce qui me plait le plus ce sont les "Marches" : les fanfares des écoles, avec leurs majorettes, des habits militaires rose et or, des rangées de 8 tubas, 12 trombonnes à coulisses, symballes, tambours, portes drapeaux! Ils sont super classes, sérieux, marchent en rythme, et parfois c'est toute la fanfare qui avance en dansant!! C'est pour eux que j'ai envi de voir les parades!