09/03/2009

Miss Fletcher

Miss Fletcher travaille pour CommonGround, elle tient le standard et l'accueil de 11h à 17h, elle donne des conseils juridiques et administratifs aux résidents du Lower Ninth. Elle est également écrivain!
Elle aime parler, il y a toujours quelqu'un à son bureau menant avec elle de grandes discussions. Hier, c'était moi, qui a eut droit à un bout de sa vie! Ayant mieux cernée ma qualité d'architecte, elle m'a parler de sa maison. Elle habite une maison shotgun double. Comme la maison de Charlotte, mais avec un mur de séparation au milieu. Son voisin c'est ça fille, qui souhaite avoir un jour sa propre maison. Quand elle partira, Miss Fletcher, n'imagine pas louer l'autre partie de la maison à quelqu'un d'autre qu'à un de ses enfants. Donc, elle veut imaginer comment ouvrir le mur de séparation des deux appartements pour faire une seule maison. Son plus grand souhait serait qu'il n'y ai plus besoin de traverser sa chambre pour aller dans la cuisine.
Elle m'en a dit un peu plus sur la maison Shotgun, avec ses pièces en enfilades n'offrant aucune intimité entre les chambres et les pièces publiques. Visiblement, la plupart des habitants des maisons shotgun ne sont pas propriétaires, et mettre en location une maison shotgun double, c'est comme louer une maison pour le prix de deux, c'est très lucratif. Comment faire pour créer un peu d'intimité dans un maison très étroite où on ne peut pas avoir de couloir, et que le salon se trouve côté rue, la cuisine côté cour, et entre les deux les chambres qu'il faut traverser? C'est un modèle "traditionnel" de maison ici, mais ses habitants le subissent plutôt qu'il reflètent un réel mode de vie, c'est surtout un moyen de construire une maison vraiment pas cher et de la louer au plus vite.
Miss Fletcher m'a raconté comment, par un incendie en 2001, elle a perdu une bonne parti de ses souvenirs, des objets auxquels elle était attachés. Après un an, elle avait réintégré sa maison, tout racheter neuf et beau. Pour perdre à nouveau tout, par l'inondation de deux semaines provoquée par Katrina. Elle m'a dit à peut près en ces termes : "j'aime les belles choses, les beaux vêtements, les beaux meubles... mais aujourd'hui je ne m'y attache plus. L'incendie m'a pris la moitié de mes souvenirs, Katrina a emporté le reste. Je n'ai plus rien. Ma grand-mère ne me laissait pas m'assoir sur son canapé. Aujourd'hui je dis à mes petits enfants, allez-y, à quoi bon si c'est pour ne pas en profiter. Voilà ce que je pense aujourd'hui"

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